La manchotière 2

Mercredi 9 aout, une belle journée ensoleillée relativement chaude (-16°C) comparée aux derniers jours et quelques heures de libres  avant d’aller nettoyer les lieux commun pour mon « service base ». Parfait pour aller refaire un tour par la manchotière, voir ces mini-manchots qu’on entend piailler au loin, bien que la lumière d’un soleil sans nuage me paraît photographiquement bien fade.

Il n’y a aucun vent mais j’emmène quand même par réflexe de l’habillement pour grand froid, et grand bien m’en a pris comme on le verra plus tard.

J’y vais cette fois avec Coline l’ornitho du programme « 109 », consistant en grande partie à compter et recenser les animaux du coin, donc en ce moment (quasi) exclusivement les manchots.

Direction la manchotière donc, qui a en ce moment élu domicile à l’ombre d’une énorme congère sur la banquise. Sans vouloir manquer de respect aux empereurs, chercher de l’ombre quand il fait -16°C il faut quand même être sacrément tordu…

Le gros avantage pour les ornithos c’est que ça leur facilite grandement la tâche pour les observations, puisqu’il suffit de se mettre en haut de ladite congère pour voir l’intégralité de la colonie.

 

Son travail du jour consiste à référencer les rapts de poussins : ceux qui n’ont pas eu de poussin ou qui l’ont perdu, profitent d’une seconde d’inattention de parents pour leur piquer leur progéniture. Ça donne généralement lieu à une grosse mêlée, puisque les voisins se mettent soudain à trouver que voler les poussins c’est une plutôt bonne idée. Le problème c’est que là le ballon c’est le poussin, qui se retrouve soudain écrasé par une dizaine de manchots surexcités, et se prend des coups de becs de ceux qui essayent maladroitement de l’attraper.

Tu croyais que t’avais déjà connu le pire en naissant en plein blizzard dans un environnement à -30°C sans nourriture à moins de 100km ? Et non ! En plus tes congénères vont te meuler un peu le bec la faute à un trop plein d’amour parental.

Et c’est pas la peine de crier comme ça, ça changera rien!

Certains manchots semblent encore plus curieux que d’habitude et on se retrouve parfois quasi encerclé, il faut alors attendre qu’ils se lassent avant de pouvoir repartir pour ne pas les effrayer.

A peine le temps de prendre quelques clichés que survient un bon vieux catabatique, aussi soudain et inattendu que d’habitude. Tout juste le temps de sauter sur les cagoules et autre moufles coupe-vent pour ne pas se refroidir brutalement.

On se retrouve donc brusquement dans cette ambiance si particulière de neige soufflée, qui fait briller les flocons d’une couleur dorée en passant devant le soleil et rend toutes les silhouettes fantomatiques dans cette brume en mouvement.

Les petites têtes de poussins rentrent au chaud sous la graisse de papa/maman, les manchots se resserrent un peu, à part ça globalement ils s’en foutent pas mal, ils en ont vu d’autres.

 

Moi pas tant, du coup les photos se font avec des moufles, un masque et un vent qui a la fâcheuse tendance à prendre mon téléobjectif pour une girouette, ce qui rend le rendu assez aléatoire.

Un peu plus loin on voit Elodie galérer avec son matériel, son micro (voir l’article précédent), et ses moufles qui tentent de prendre le large avec le vent.

Coline, elle, n’a pas bougé et continue à prendre ses notes du haut de sa congère comme si de rien n’était, donnant l’air d’une prophète face à ses fidèles.

 

Ca vous rappelle rien?

 

Quelques autres photos de la sortie :

Et sinon on vient de battre notre record annuel de vent : 205 km/h aujourd’hui avec à la clé une antenne et quelques bout d’un capteur de vent qui ont pris leurs envols. Prochain article sur les tempêtes et autres vents catabatiques.